Tour de l'Islande avec le spécialiste

1 Coup d’envoi gastronomique à Reykjavik

Notre aventure nous conduit à faire le tour de l’Islande à bord du très populaire navire d’expédition MS Seaventure, affrété pendant les mois d’été par Iceland ProCruises, le spécialiste de l’Islande. À Reykjavik, ma collègue de travail Andrea et moi sommes déjà convaincues par la gastronomie islandaise. Notre premier dîner dans un petit restaurant raffiné donne le coup d’envoi parfait à notre voyage. Au « kröns Kitchen & Bar », nous abordons la cuisine islandaise à tâtons avec un menu de dégustation : coquilles Saint-Jacques islandaises, omble chevalier fumé, carré d’agneau (d’agneau islandais, bien sûr) et skyr islandais en dessert. Reykjavik est une ville qui se découvre parfaitement à pied. Très vite, nous remarquons le « dress code » dans les rues, visiblement sportif et résistant aux intempéries. Nous rencontrons des voyageurs islandais qui reviennent de leur circuit en camping et qui nous souhaitent un bon voyage, les yeux pétillants.

Notre bateau d’expédition, le MS Seaventure, est amarré au centre de Reykjavik et a une capacité maximale de 160 passagers. Un accueil chaleureux à bord nous donne immédiatement l’impression d’être chez nous. Nos cabines sont pratiques et équipées de tout le confort que l’on peut souhaiter pour un tel voyage. Un coupe-vent nous attend dans la cabine en guise de cadeau de bienvenue. Après un exercice de sauvetage en mer très professionnel, on se sent déjà entre de bonnes mains avec l’équipage et l’aventure peut commencer — nous larguons les amarres en direction de Snæfellsnes.

2 L’Islande en miniature

Nous débarquons en Zodiac dans le petit village de pêcheurs d’Arnarstapi et avons de la chance avec le temps : la première vue est déjà à couper le souffle. La péninsule de Snæfellsnes, également appelée « l’Islande en miniature », se montre sous son plus beau jour lors de l’excursion à terre : les formations rocheuses de Lóndrangar se révèlent être des cheminées volcaniques et le fond sonore du panorama est constitué par les cris des mouettes tridactyles et des guillemots de Troïl qui nichent et se reproduisent sur les rochers. Le point fort de l’excursion autour de la péninsule est sans conteste le Kirkjufell (« la montagne église »), le plus photographié. Dans un musée du Requin, nous apprenons comment la famille fait fermenter depuis des générations la viande du requin du Groenland à l’air libre pour la rendre comestible. Nous dégustons le « hákarl » qui en résulte. De consistance caoutchouteuse et à l’odeur intense de fromage, ce petit morceau de délicatesse que nous trempons dans une eau-de-vie (Brennivín) n’est peut-être pas du goût de tout le monde, mais l’expérience en vaut la peine, et il paraît que c’est également très sain.

3 Cascade et soupe de poisson

À Isafjördur, le deuxième jour du voyage, nous marchons tranquillement pendant 30 minutes le long des sept cascades qui mènent à la chute d’eau de Dynjandi. Les puissantes masses d’eau se déplacent comme un voile de mariée par-dessus les rochers et nous font vibrer en tant qu’observateurs. À midi, dans un petit village, on nous sert une soupe de poisson dans la maison communale locale : un groupe de femmes locales l’a préparée pour nous. Les conversations avec elles sont très instructives et donnent un aperçu de la vie rurale dans un pays où les hivers sont sombres et rigoureux.

De retour à bord, une nuit agitée nous attend, car nous naviguons désormais dans les eaux arctiques et un front météorologique tempétueux traverse actuellement la région. Le commandant informe ses hôtes de manière très professionnelle sur les conséquences à venir : il nous explique comment les vagues se forment et comment elles seront ressenties la nuit prochaine sur notre bateau d’expédition. Je suis impressionnée par la manière dont il prépare ainsi les hôtes et leur donne un sentiment de sécurité. Mentalement bien armés, nous passons ainsi la nuit sans problème.

4 Latitude 66 degrés nord

Le troisième jour de voyage, pour la première fois, la météo nous joue des tours à Siglufjördur. Nous partons pour une petite randonnée qui, dans ces conditions, n’est pas très amusante. C’est pourquoi nous nous récompensons au petit café du village « Frida » avec un chocolat chaud. Le soir, une surprise nous attend à bord — l’équipage nous a préparé une petite cérémonie sur le pont piscine et nous fêtons le franchissement du cercle polaire arctique. Par 66 degrés nord, les navigateurs passionnés que nous sommes se sentent très en fête : chaudement emmitouflés, un verre d’aquavit dans une main et un hareng mariné dans l’autre, nous dansons avec l’équipage vêtu de pulls islandais sur des classiques entraînants. C’est au plus tard à ce moment-là que nous sommes devenus une communauté soudée.

5 Húsavík, ville enchanteresse

Le soleil brille à nouveau à Húsavík. Sur le port se trouvent d’énormes sacs de sel, qui sont expédiés de là par unités d’une tonne. Des poissons fraîchement pêchés sont transbordés sous nos yeux. Nous partons pour l’excursion « Diamond Circle », au cours de laquelle nous voyons la plus puissante chute d’eau d’Europe, la Dettifoss. Comme elle est issue d’un glacier, son eau est d’un gris sale. D’impressionnantes masses d’eau dévalent le canyon et font jaillir des embruns jusque sur les plateformes d’observation. Le soir, nous prenons un bateau d’excursion pour nous rendre sur « l’île aux macareux » de Lundey, où quelque 200 000 macareux et autres espèces d’oiseaux se reproduisent de mi-avril à mi-août. Nous assistons au spectacle unique des petits macareux qui virevoltent dans les airs par milliers devant l’île, agitant frénétiquement leurs courtes ailes de haut en bas avant de se poser nonchalamment sur les flots agités de la mer. Ils y sont posés en se balançant, jusqu’à ce qu’ils plongent soudainement pour attraper habilement de petits poissons. Dans leur bec rouge-orangé, ils peuvent coincer plusieurs poissons à la fois. Alors que nous observons encore avec fascination l’activité qui règne autour de l’île, nous voyons soudain apparaître quelques grands dauphins. Nous nous tenons à une distance respectueuse des animaux et les admirons jusqu’à ce que nous apercevions encore quelques baleines à bosse. Les baleines à bosse sont des animaux curieux et très réceptifs aux bateaux. Nous pouvons observer environ six animaux différents qui apparaissent et replongent avec élégance. De retour à Húsavík, nous sommes bien frigorifiées, mais extrêmement heureuses et satisfaites.

6 Sources thermales, volcans, cascades et lave

Le deuxième jour du séjour à Húsavík, d’autres points forts figurent au programme : lors de notre excursion à terre, nous nous arrêtons dans la région du lac Myvatn, visitons l’imposante cascade Godafoss (cascade des dieux) et nous détendons dans un bassin naturel. Rien qu’en une journée, on voit toute la diversité de l’Islande : sources thermales, volcans, cascades et lave. Des paysages volcaniques bizarres à Dimmuborgir et dans la zone géothermique de Njamafall, les cratères bouillonnent et crachent de la vapeur. Nous avons l’impression de nous retrouver dans un paysage lunaire.

Dociles chevaux islandais

À Seydisfjördur, je réalise un rêve d’enfant : une balade à cheval islandais. Lors de cette petite randonnée détendue jusqu’à la mer et à travers l’immensité islandaise, nous apercevons au loin des phoques et croisons même des sternes arctiques, qui ne dérangent visiblement pas les chevaux islandais bien dociles.

Pays des glaciers

Djúpivogur est un village de pêcheurs situé au sud-est du pays. Il nous sert de point de départ pour un trajet de plusieurs heures vers la lagune glaciaire de Jökulsarlon. Les formations de glace flottante résultent du détachement de blocs de glace du glacier Breidamerkurjökull, qui flottent ensuite dans le lagon. Nous avons l’impression d’être transportés dans le paysage de l’Antarctique. Non loin de la lagune, des blocs de glace entiers s’échouent sur la plage.

9 Dans la solitude des îles Vestmann

Heimaey fait partie des îles Vestmann et n’est accessible que dans de bonnes conditions en raison de son entrée étroite. La ville située sur l’île du même nom est devenue célèbre suite à une éruption volcanique en 1973, au cours de laquelle toute la population a dû être évacuée. Environ 400 maisons ont été ensevelies sous les masses de lave. Aujourd’hui, c’est une petite ville animée qui compte parmi les villes les plus riches d’Islande grâce à la pêche. Je resterais volontiers un peu plus longtemps ici en raison de la nature. Le matin, à bord des zodiacs, nous longeons les falaises escarpées environnantes, sur lesquelles nichent les espèces d’oiseaux les plus diverses. Au loin, nous apercevons un autre motif photographique très apprécié en Islande, la « maison isolée » sur l’île d’Elliðaey. Cette maison inhabitée sert d’abri pour la chasse depuis 1953 et constitue un motif de photo spectaculaire.

L’après-midi, nous apprenons que le volcan Fagradalsfjall est entré en éruption. Celle-ci était attendue avec impatience depuis plusieurs jours par l’équipage de notre bateau et les chefs d’expédition (dont des géologues). À Heimaey, l’un d’entre eux monte dans le bus avec un sourire extrêmement satisfait et nous annonce la nouvelle. À bord, nous avons eu droit à un exposé spontané avec des explications sur cette éruption et surtout sur le fait qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Dans un pays comme l’Islande, cela fait partie du jeu — des geysers bouillonnants et des volcans qui entrent en éruption. Et s’ils sont inoffensifs, c’est même une raison de faire la fête.

10 À bientôt

De retour à Reykjavik, il est temps de prendre congé de l’équipage du bateau. C’est avec tristesse que nous nous séparons d’eux et faisons une dernière excursion vers les sites touristiques populaires le long du « Golden Circle ». Dans le parc national de Þingvellir, nous rencontrons de nombreux autres visiteurs de l’Islande et réalisons que nous avons passé dix jours à faire un voyage privilégié hors des sentiers battus. Nous admirons le geyser Strokkur, qui entre en éruption toutes les 8 à 10 minutes, et nous nous émerveillons devant les chutes de Gullfoss.

Au décollage de notre avion, nous avons encore une vue directe sur le volcan qui vient d’entrer en éruption et découvrons de près les forces de la nature de ce pays fascinant. Nous serions volontiers restées plus longtemps pour profiter un peu plus de la gastronomie de Reykjavik et laisser les impressions agir sur nous. Sur le chemin du retour, je pense que chacun d’entre nous a des projets de voyages futurs en Islande : ma collègue Andrea imagine probablement dans sa tête ses prochaines vacances islandaises en camping-car, tandis que je rêve de monter des chevaux islandais au tölt et de contempler des aurores boréales en hiver.

9.10.2023
Texte: Patricia Miller
Photos: Patricia Miller